FR/BG 18.54

Revision as of 12:58, 28 July 2020 by Navakishora Mukunda (talk | contribs) (Bhagavad-gita Compile Form edit)
(diff) ← Older revision | Latest revision (diff) | Newer revision → (diff)
His Divine Grace A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupāda


TEXT 54

brahma-bhūtaḥ prasannātmā
na śocati na kāṅkṣati
samaḥ sarveṣu bhūteṣu
mad-bhaktiṁ labhate parām

Synonyms

brahma-bhūtaḥ: ne faisant qu’un avec l’Absolu; prasanna-ātmā: plein de joie; na: jamais; śocati: ne se lamente; na: jamais; kāṅkṣati: ne désire; samaḥ: d’égale disposition; sarveṣu: envers tous; bhūteṣu: les êtres; mat-bhaktim: Mon service de dévotion; labhate: atteint; parām: transcendantal.

Translation

Celui qui atteint le niveau transcendantal réalise aussitôt le Brahman Suprême et ressent une joie très profonde. Il se montre égal envers tous les êtres et jamais ne s’afflige, ni n’aspire à quoi que ce soit. Il obtient dès lors de Me servir avec une dévotion pure.

Purport

Atteindre le niveau du brahma-bhūta, s’identifier à l’Absolu, constitue, pour l’impersonnaliste, le but ultime. Mais du point de vue du personnaliste, du pur dévot, il faut aller encore plus loin et s’engager sur la voie du service de dévotion pur. Il faut comprendre par là que l’être qui sert purement le Seigneur Suprême, avec amour et dévotion, est déjà parvenu au niveau de la libération, c’est-à-dire qu’il a atteint le brahma-bhūta, l’unité avec l’Absolu. Car sans cette unité, on ne peut servir l’Absolu. Au niveau absolu, il n’existe aucune distinction entre celui qui sert et celui qui est servi. La différence existe, pourtant, dans un sens spirituel plus profond.

Celui qui dans l’existence matérielle agit pour le plaisir des sens expérimente la souffrance alors que l’être qui, sur le plan absolu, pratique le service de dévotion pur ne connaît pas cette souffrance. Le dévot conscient de Kṛṣṇa n’a aucun motif de lamentation et ne convoite rien. Parce que Dieu possède toute plénitude, l’être engagé dans Son service, dans la conscience de Kṛṣṇa, trouve à son tour la plénitude en lui-même. On pourrait le comparer à une rivière dont les eaux auraient été débarrassées de toute impureté. Parce qu’il ne pense qu’à Kṛṣṇa, le pur dévot est tout naturellement heureux. Ayant trouvé la plénitude dans le service du Seigneur, il ne s’inquiète ni des pertes ni des profits matériels. Fort du savoir que tout être vivant fait partie intégrante du Seigneur Suprême, dont il est par conséquent le serviteur éternel, il n’éprouve aucun désir de jouir de la matière. Il ne voit, ici-bas, aucun être supérieur à un autre, car supérieur et inférieur sont des concepts éphémères, et un dévot ne prend jamais en considération le va-et-vient des manifestations temporaires. Pour lui, l’or ne vaut pas plus que la pierre et le plus grand personnage de l’univers n’a pas plus d’importance que la fourmi.

Telles sont donc les caractéristiques de celui qui se trouve au niveau du brahma-bhūta, niveau qu’atteignent sans peine les purs dévots. À ce stade, l’idée de s’identifier au Brahman Suprême en annihilant son individualité propre paraît infernale, et l’idée de vivre sur les planètes édéniques, extravagante. Les sens sont pour leur part devenus aussi inoffensifs que les crochets brisés d’un serpent. De même qu’il n’y a pas lieu de craindre un serpent dont les crochets sont brisés, il n’y a pas lieu de craindre les sens une fois qu’ils sont maîtrisés. Pour celui que la matière a corrompu, le monde matériel est misérable, mais pour le dévot, il est aussi merveilleux que Vaikuṇṭha, le royaume spirituel. On peut atteindre ce stade par la grâce du Seigneur, Caitanya Mahāprabhu, qui en notre âge enseigna le pur service de dévotion.